Sandrine GUERRIER

Me voilà arrivée, à 43 ans, aux portes de ma reconversion professionnelle en tant que Psycho-socio-esthéticienne.

Quand je pense qu’il y a 5 ans de cela je travaillais comme conseillère d’accueil en milieu bancaire depuis plus de 12 ans… Un métier passionnant mais dont l’évolution divergeait avec la mienne au fil du temps. A tel point que j’allais travailler avec la boule au ventre tant ce métier ne me correspondait plus.

Et la maladie a surgi dans ma vie, telle un vampire s’affairant sur sa proie, sournoisement. Les médecins diagnostiquent alors un Lymphome T à mon époux : un cancer.

Notre monde s’écroule et nous nous trouvons submergés par une vague d’émotions intenses. Comment annoncer cela à nos proches ? Et à notre fils de 5 ans ? Très rapidement pris dans la spirale infernale des soins, le train était lancé à très grande vitesse pour une destination alors inconnue. C’est un véritable ascenseur émotionnel au quotidien, mais il ne faut pas se laisser abattre, il faut être forte et le soutenir dans cette terrible épreuve où il lutte pour sa vie. Je n’ai pas le droit de flancher. Je l’accompagne chaque jour et l’aide de mon mieux avec un tel dévouement… c’est épuisant. J’ai peur, je suis terrifiée, angoissée, et j’ai tellement envie de crier ma colère ! Je retiens mes larmes à chaque minute qui passe. C’est un tel supplice que je fini par m’oublier pour me consacrer pleinement à mon mari. C’est lui la victime, je n’ai pas le temps ni le droit de m’apitoyer sur mon sort. Alors je lutte avec acharnement à ses côtés contre cette fichue maladie avec les seules ressources qu’il me reste. Jusqu’au bout. Mais le cancer aura raison de tous nos efforts.

Le monde s’arrête de tourner pour moi. Pourtant, les gens continuent de vivre comme avant. Ma voisine continue d’aller chercher son pain, mes amis sortent faire la fête, les gens continuent de travailler. La vie grouille autour de moi comme si rien n’avait changé. Alors que pour moi, tout a irrémédiablement changé. Je dois apprendre à vivre sans lui et à me reconstruire.

Bien que je me sois mariée pour le meilleur et pour le pire, je n’étais absolument pas préparée à cela ! On se sent très seule dans ces moments-là et tellement impuissante !

Un accompagnement encadré devrait être à mon sens systématique pour les personnes qui vivent et aident leurs proches dans la maladie, pendant comme après.

Un déclic se fait alors et je décide de ne plus perdre mon temps, ni user ma santé, pour un emploi qui ne me ressemble pas et dans lequel je ne m’épanouis plus.

Je demande un Congé Individuel de Formation à mon employeur pour suivre une formation d’ « Esthétique-Cosmétique-Parfumerie » en une année. J’obtiens donc mon CAP au terme de cette formation, mais je ne suis alors pas intégralement séduite par ce métier trop incomplet à mon sens. Il me manque de la profondeur, il me manque le côté… «humain». En institut esthétique on prend certes soin des personnes, mais uniquement sur l’aspect physique. J’avais besoin de prendre soin des gens dans leur entièreté, au-delà de l’apparence.

J’ai alors découvert cette fabuleuse profession, et me suis employée ardemment à ce qu’elle devienne la mienne, celle de Psycho-socio-esthéticienne.

De simples petits préfixes qui changent pourtant tellement le sens du métier. Aider les personnes fragilisées me semble être une évidence, et mon vécu et mes expériences lors des stages de formation me confortent définitivement dans cette voie que je fais mienne.